Les systèmes de transport intelligents, École Polytechnique de Montréal

Articles du groupe MADITUC

Quelle justice dans le système de transport de la région de Montréal : une question de méthodologie?

Référence:

DALIL ESSAKALI, Mohammed, CHAPLEAU, Robert (2000). Quelle justice dans le système de transport de la région de Montréal : une question de méthodologie?, 35e congrès de l'Association québécoise du transport et des routes, Québec

Type:
Conférence avec publication

Organisme:
Association québécoise du transport et des routes

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Résumé

Il est traditionnellement admis que le système de transport doit satisfaire le principe d’efficacité en veillant à ce que tout changement systémique maximise le bien-être social selon une approche utilitariste. Pourtant, un système de transport efficace peut ne pas bénéficier à tous les acteurs de la même façon ; ainsi, des groupes de la communauté peuvent même bénéficier du système aux dépens d'autres. Autrement dit, le système de transport peut être efficace sans pour autant être juste et équitable. Cette contradiction entre efficacité et équité est due à l’hypothèse fondamentale de l’approche utilitariste à savoir : l’agrégation des utilités individuelles en une utilité collective.

Les forces de changement que subit actuellement le système de transport reconnaissent l’existence d’une telle contradiction et font ressortir d’autres paradigmes d’équité et de justice qui viennent remplacer les manières classiques de penser et de faire. Ces nouveaux paradigmes tiennent compte des considérations de redistribution et exigent une identification transparente de la répartition des bénéfices et des coûts du système de transport entre les différents acteurs impliqués.

Du point de vue méthodologique, les approches d’efficacité ont été supportées par des instruments de planification issus des efforts méthodologiques des années 1960 et 1970. Ces instruments analysent la capacité des réseaux de transport en s'appuyant sur des modélisations collectives. Quant à l’analyse des effets redistributifs, elle nécessite la mesure de l'utilisation individuelle du système pour distinguer les gagnants des perdants, même si le système est efficace.

Dans la Région de Montréal, l’analyse des effets redistributifs et des effets de débordement du système des transports collectifs est entreprise depuis plusieurs années grâce aux données de mobilité issues des enquêtes origine-destination. Cette analyse utilise le modèle dit totalement désagrégé.

Le présent article cadre la problématique d’équité et de justice du système de transport pour ensuite expérimenter une méthodologie d’analyse des effets redistributifs de l’usage d’un réseau routier urbain sur les plans social et territorial. La méthodologie permet la considération de plusieurs perspectives d’analyse et a la capacité d’évaluer, d'une manière transparente, l'usage individuel du réseau et d'en déduire le niveau d'équité sociale. Cette même méthodologie permet d'évaluer les problèmes de débordement entre les territoires et les juridictions géopolitiques, et de mesurer le degré d'équité territoriale et les phénomènes d'évasion fiscale. L’expérimentation de la méthodologie se sert des données de l’enquête téléphonique origine-destination réalisée en 1993 dans la Région de Montréal et utilise le modèle désagrégé MADITUC. Les résultats de l’expérimentation ont montré les potentialités de la méthodologie.

gbisaillon@polymtl.ca 2024-04-27 10:52:17